La Belgique a tranché, les loot boxes sont des jeux de hasard. Overwatch, Fifa et CS:GO mis en cause.

Les loot boxes sont apparentées aux jeux de hasard et déclarées illégales en belgique

Article original paru le 29/04/2018 sur connectesport.com

Après une enquête lancée en novembre 2017, la Belgique rejoint les Pays-Bas en affirmant que les Loot boxes sont des jeux de hasard. Overwatch, CS:GO et Fifa 18 sont les premiers jeux mis en cause, exposant leurs éditeurs respectifs à des sanctions pénales.

Les loot boxes sont apparentées aux jeux de hasard et déclarées illégales en belgique

Jeux de hasard : plusieurs titres dans le collimateur

La Commission des jeux de hasard mandatée par le gouvernement a rendu les résultats de son enquête sur les loot boxes. Elle retient deux éléments majeurs dans la définition de la loot box : le paiement effectué en argent réel et l’impossibilité pour le joueur de connaître son contenu à l’avance. La commission évoque de façon secondaire le fait que ce type de coffre soit “susceptible de leur apporter un avantage dans le jeu”. Le principal enjeu législatif autour de ce type de contenu ingame repose essentiellement sur la protection du consommateur et plus particulièrement celle des consommateurs mineurs.

Star Wars : Battlefront II est régulièrement désigné comme un des principaux déclencheurs de ces débats. A sa sortie, et malgré un prix de vente déjà conséquent, le jeu possédait un immense catalogue de contenus pouvant être obtenus par le biais de micro transactions. L’ensemble représentait des sommes astronomiques ou bien un temps de jeu se comptant en mois pour obtenir chaque élément disponible. EA a depuis retravaillé le système de progression pour s’écarter de la dimension pay to win omniprésente dans son jeu. Les changements opérés sur Battlefront II ont ainsi permis au titre d’échapper à la classification “jeu de hasard”.

A ce jour, ce sont trois autres jeux vidéo qui sont visés par la Belgique. Overwatch, CS:GO et Fifa 18 sont retenus selon deux critères : leur très grande popularité (les jeux étant désignés comme AAA) et leur système d’achat ingame correspondant aux critères retenus pour désigner les jeux de hasard.

“[…] les développeurs utilisent de plus en plus souvent des systèmes qui incitent les joueurs à manier de l’argent réel une fois qu’ils ont acheté un jeu. La Commission des jeux de hasard a notamment examiné :

  • la perspective émotionnelle de profit : L’incertitude des lootboxes est liée à une perspective de profit. Un joueur peut penser que l’achat d’une lootbox lui apportera un avantage, ce qui n’est pas toujours le cas ;
  • le mélange entre fiction et réalité : De réels personnes connues font la promotion des lootboxes les plus onéreuses ;
  • l’utilisation d’un système de monnaies distinct : Les joueurs peuvent acheter des monnaies virtuelles pour une réelle somme d’argent ;
  • des méthodes visiblement illimitées afin de verser de l’argent sur le compte des joueurs ;
  • la dissimulation d’un générateur aléatoire ou à tout le moins, son opacité.”

Vers des sanctions pénales : le Ministre de la Justice intervient

L’absence d’outils mis à la disposition des joueurs pour évaluer et contrôler leur consommation est également un élément à charge. La commission pointe également un habillage masquant en partie l’aspect aléatoire et incertain de ce type de loot boxes payantes, impactant d’autant plus les consommateurs vulnérables, à commencer par les mineurs. Les systèmes de loot boxes incriminés “enfreignent dès lors la législation relative aux jeux de hasard. Sans intervention de leur part, les éditeurs pourraient se voir condamnés à des sanctions pénales : “une peine de prison allant jusqu’à cinq ans et une amende pouvant atteindre 800.000 euros. Lorsque des mineurs sont impliqués, ces peines peuvent être doublées”.

Peter Naessens, directeur de la Commission des jeux de hasard : « Les lootboxes ne sont pas des éléments inoffensifs des jeux vidéo et se présentent en fait comme jeu de hasard. Les joueurs sont tentés et induits en erreur et aucune des mesures de protection en matière de jeux de hasard n’est applicable. Maintenant qu’il est clair que ce sont particulièrement les enfants et les personnes vulnérables qui y sont exposés sans aucune protection, les concepteurs de jeux ainsi que les parties prenantes, telles que la FIFA par exemple, sont appelés à mettre un terme à cette pratique ».”

En l’état actuel, les loot boxes sont donc appelées à être purement et simplement supprimées. Le Ministre de la Justice Koen Geens a appelé les “concepteurs” et les “exploitants” ainsi que la Commission des jeux de hasard à travailler ensemble pour corriger la situation. Une des volontés affichées est de séparer la pratique ludique et récréative du jeu vidéo des jeux de hasard afin de préserver au maximum les joueurs.

En Chine, le gouvernement avait opposé des arguments du même ordre à Blizzard et son CCG (jeu de cartes à collectioner) Hearthstone. L’achat de boosters de cartes, semblables aux loot boxes, a été remplacé par un système d’achat de poussières servant à crafter directement les cartes. Dans la boutique chinoise, les joueurs achètent désormais un montant de poussière et reçoivent en plus l’équivalent de leur achat en boosters de cartes.

Sources :
Conclusion de la Commission des jeux de hasard belge
Communiqué de Presse du Ministère de la Justice belge